Il tutoie les anges

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Lionel Messi est sans conteste le meilleur joueur de la planète football. (Reuters)

Un nouveau Ballon d’Or comme une évidence. Lundi, à Zürich, Lionel Messi a inscrit pour la quatrième fois son nom à la liste des récipiendaires du prestigieux trophée, devenant, à 25 ans, le joueur ayant obtenu le plus de fois cette récompense. Une juste reconnaissance pour celui qui est en train de donner vie à une œuvre fantasmagorique dont l’ampleur devient difficile à mesurer.

Il banalise l’exceptionnel. Dès lors qu’il entre sur sa scène chérie, le terrain de football, Lionel Messi se mue en spectacle à lui-seul. Chaque week-end, la même rengaine. Une classe naturelle, des filets qui tremblent, des adversaires n’ayant d’autre alternative que de ployer le genou. Limpide. Trop facile. A l’évidence prévisible. Subjuguant, il capte la lumière comme nul autre. Et la dithyrambe ne suffit plus, aujourd’hui, à qualifier ses exploits répétés.

Écrire sur le prodige argentin n’est pas un exercice aisé et son génie mériterait d’ailleurs assurément une autre plume. Du haut de ses 25 printemps, Lionel Messi a déjà accompli d’immenses choses dans l’univers du ballon rond. Son palmarès éloquent et ses lignes statistiques ensorcelantes, qui finissent par brûler les yeux, sont là pour le rappeler. Il reste que ces chiffres font office de révélateur encore bien terne à l’heure de se lancer dans une vaine tentative pour appliquer des mots sur le talent du gamin de Rosario.

Rarement dans l’histoire des sports collectifs un joueur a apposé une telle domination sur sa discipline. Dans l’ère moderne, le Wayne Gretzky des années 1980 (hockey-sur-glace) ou le Michael Jordan de la décennie 1990 (basket-ball) peuvent se targuer d’avoir littéralement survoler leur sujet pour laisser une trace indélébile dans l’imaginaire collectif. Incontestablement, Lionel Messi s’inscrit dans la lignée de ces champions d’exception. Baigné dans un football devenu ultra-compétitif et ne laissant guère plus de place à l’improvisation, l’attaquant sud-américain parvient, en maintenant constamment un niveau de jeu supérieur, a évolué dans une dimension parallèle à la concurrence. Cette immuabilité dans l’excellence ne le sert cependant en permanence, les voix de ses détracteurs, aux arguments pour le moins contestables, retentissant régulièrement dans un écho méphitique.

De la difficulté à apprivoiser le génie

« Quand un génie paraît dans le monde, on le distingue à cette marque : tous les sots se soulèvent contre lui », écrivait Elie Fréron. L’homme, par nature, a du mal à se confronter à la perfection, un concept qu’il envie, place au cœur de son ambition mais ne parvient que rarement à toucher du doigt. Le déni devient dès lors une façon de se rassurer en rapprochant les rares élus détenteurs d’un pur génie dans leur domaine de la normalité. Et Lionel Messi n’échappe pas à cette règle.

Il faut malgré tout comprendre que les fabuleuses performances de l’Argentin n’ont pas la résonance qu’elles méritent au travers du prisme de l’histoire immédiate. Le temps façonne les légendes et érode les critiques. Un constat valable tant pour l’histoire des civilisations que pour celle du sport. Le FC Barcelone, semeur de rêves, a déniché un joyau qu’il a façonné, poli, pour offrir à tous les amoureux du football un joueur hors du commun Admirer Messi sur un terrain ne devrait être un plaisir galvaudé. L’alliance entre le talent de la « Pulga » et la philosophie prônée par le FC Barcelone est un idéal voluptueux et une réjouissance perpétuelle. Le mieux reste d’en profiter en attendant, un jour, de conter au coin du feu l’histoire de ce céleste petit bonhomme qui se permettait de tutoyer les anges.

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