L’empire du milieu

Les trois compères barcelonais ont pris à la gorge le milieu de l'AC Milan mardi.

Les trois compères barcelonais ont pris à la gorge le milieu de l'AC Milan mardi.

Une partition enivrante. Mardi soir, le FC Barcelone a entériné sa qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions en délivrant une leçon de football à l’AC Milan devant son public du Camp Nou (4-0). Émoussés ces dernières semaines, les Blaugranas ont su élever leur niveau de jeu pour bâtir un succès éclatant qui puise ses racines dans la prestation d’un entrejeu ayant survolé les débats.

Le 1er juillet 2012, Riccardo Montolivo avait fait un cauchemar. Ce jour-là, le milieu de terrain italien et ses coéquipiers s’étaient effondrés face à l’ogre espagnol en finale de l’Euro (4-0). Surclassée, éclipsée, écœurée, la Squadra Azzurra n’avait pu que constater les dégâts face à des adversaires en furie. Le joueur de l’AC Milan espérait ne jamais revivre telle débâcle. Malheureusement pour lui, les mêmes démons sont revenus le hanter mardi soir.

Un diktat collectif

Sur la pelouse d’un Camp Nou chauffé à blanc, les Rossoneri ont vu le ciel leur tomber sur la tête. Nanti d’un avantage de deux buts construit à l’aller, Milan, relégué au rôle de figurant, n’est jamais apparu en mesure de tenir le choc. Et si le coup de foudre a une nouvelle fois été l’œuvre de l’inénarrable Lionel Messi, auteur des deux premiers buts catalans, la victoire du Barça s’est avant tout construite au milieu. La recette est pourtant connue. Monopolisation du ballon, fluidité dans la circulation, replacement, compensation, déplacements incessants pour étouffer la bête blessée. L’Inter, Chelsea et plus récemment le Real Madrid et l’AC Milan avaient pourtant trouvé la parade pour mettre à mal ce plan (trop ?) parfaitement huilé. Seulement, mardi, il n’y avait tout simplement rien à faire face à un entrejeu catalan ayant sublimé, 90 minutes durant, le concept de diktat de la puissance collective.

Tactiquement, les décideurs barcelonais ont visé juste en décidant de faire reculer Andres Iniesta pour prendre la place d’un Cesc Fabregas dont l’état de forme suscite de légitimes interrogations. Le meilleur joueur du dernier Euro a confirmé, si besoin en était, qu’il n’avait pas d’égal pour se sublimer dans les petits espaces. Insaisissable, le « gentil fantôme » a fait passer une drôle de soirée à ses opposants. Ses qualités dans la conservation de balle, sa vista et son aisance dans la percussion ont réjoui les socios, lui qui a vu sa sublime demi-volée repoussée sur la barre par Christian Abbiati avant le quart d’heure de jeu avant d’être directement à l’origine des deuxième et troisième réalisations locales.

Xavi, le guide

Au-delà, le travail de harcèlement qu’il est parvenu à insuffler tout au long du match avec l’aide de ses compères Xavi et Sergio Busquets doit également être pris en considération. Ce pressing continu a littéralement asphyxié les Italiens, une plongée en apnée apparue particulièrement saisissante au cours de la première demi-heure. Busquets, ou l’archétype de la sentinelle dotée d’une technique supérieure, a, comme à son habitude, régulé à la perfection l’entrejeu, minimisant le déchet dans ses transmissions tout en se montrant capable de mettre sur orbite son front offensif, ainsi qu’il l’a démontré sur l’ouverture du score. Le gamin de Sabadell a bien grandi et, avec son ADN azulgrana qui transpire à chacune de ses initiatives, apparaît plus que jamais incontournable.

Reste enfin le cas Xavi. Il était écrit que le Barça ne pourrait renverser les Rossoneri sans une grande prestation de son plus fidèle guerrier. Pour sa 127e apparition dans la plus prestigieuse des compétitions, le numéro 6 barcelonais a délivré une performance à la hauteur de son immense talent, ponctuée de deux passes décisives. Et si son corps commence à subir les joutes du haut-niveau, sa lecture du jeu reste un modèle lui permettant de toiser l’adversité du haut de son mètre soixante-dix. Tout semble facile dès lors que la balle échoue dans ses pieds. Aucune solution de passe ? Peu importe, il déniche les espaces et invente des trajectoires.

Véritable coach sur le terrain, Xavi est un maestro dont l’influence est loin de se limiter aux lignes blanches tracées pour délimiter le rectangle vert. Dans la passe difficile que traversait le Barça dernièrement, l’international espagnol a pris des initiatives appréciées pour ressouder les rangs. N’hésitant pas à prendre la parole en déclarant qu’il « manquait à cette génération une remuntada historique ». Mardi, le guide a montré le chemin. Riccardo Montolivo, lui, a dû avoir bien du mal à trouver le sommeil.

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